Lorient L'Occident
Lorient L'Occident
Annie Loyau
Au confluent de deux rivières
Au fond d’une rade, face à Groix,
En Bretagne, il était une fois
Un abri au fond d’un estuaire.
Des forêts et des terrains vagues
Carrières de granit et clairières,
Korrigans et elfes divaguent
Confiant au vent leurs prières
Océan viens-t-en
Océan clément
Levant et Ponant,
L’Orient, l’Occident.
C’est ce lieu auprès de Port-Louis,
Ces landes que choisit Colbert.
De pierre et de bois furent construits
Des quais et bateaux pour la mer.
Un vaisseau « Le Soleil d’Orient »
Donne à la ville son nom de rêve,
Le vent venant de l'Océan
Aux marins murmurait sans trêve
Océan devant,
Voiles et haubans,
« Le Soleil d’Orient »
Lorient, l’Occident.
« Compagnie des Indes Orientales »
Pondichéry, Canton, la Chine,
De longs mois sans faire une escale
On chante, on boit, on s’acoquine.
Le bateau file vers Cathay :
Sa panse on va bien la remplir
De porcelaines et de thé,
De poivre avant de repartir.
Canton et l’Orient,
Pays du Levant,
Port-Louis, l’Océan,
Soleil du couchant
« Bois d’ébène » on les dénommait
Les esclaves raflés en Afrique
Adjugés ! Passez la monnaie !
Dans la nuit, j’entends leurs suppliques
« Terre des ancêtres et des Dieux,
Sans espoir, je te dis adieu. »
Les vagues en venant fouetter
La cale, semblaient répéter
Océan de sang,
Océan de sang,
La pluie et le vent,
La vie comme avant !
La Grande Faucheuse, la Mort,
Visitait souvent l’équipage
Bienheureux qui rentrait au port
Revoir le clocher du village.
Avec pour tout bagage un sac,
L’homme rêvait dans son hamac.
Les vagues en venant bercer
La coque, semblaient prononcer
L’enfant do, l’enfant
« Le Soleil d’Orient »
Mon rêve d’enfant
Lorient, l’Occident.
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