Hiver 54 - L'Abbé Pierre-
Hiver 54 - L’Abbé Pierre -
Annie Loyau
- Hé l’homme, où allez-vous en pèlerine et béret ?
A fendre pierre et cœur il gèle, rentrez chez vous !
« Cité des Coquelicots » aux abords de Paris :
C’est là-bas que je vais car à Neuilly-Plaisance
Dans la carcasse d’un bus est mort un tout petit,
Le froid mord mais bien plus encore l’indifférence !
- Compagnon d’Emmaüs, à une heure si tardive
A qui écrivez-vous cette rageuse missive ?
Si je tire l’alarme, si je tape du poing,
J’exhorte le ministre à suivre l’enterrement.
Ce qu’il fera, lui qui la veille ne voulait point
De ces « cités d’urgence », sourd à tout argument.
- Roulant en 4 Cv et sur les chapeaux d'roues
Où allez-vous l’Abbé, brûlant même les feux rouges ?
A la radio je vais lancer un S.O.S :
Une femme tenant un avis d’expulsion
Est morte dans la rue. Il faut que cela cesse
La bonté doit ce soir être une insurrection !
- Près des Champs-Elysées, rue de la Boétie
Que diable faites-vous au quartier des nantis ?
Une adresse griffonnée à la hâte, Rochester,
C’est un hôtel de luxe, là je suis accueilli
Comme l’est un Sauveur, avec les volontaires,
Sans-abris, couvertures et dons sont recueillis.
- Mais dites-moi l’Abbé, il est minuit passé
Vous tapissez les murs, n’en avez-vous assez ?
Les milliers de billets, il faut qu’ils soient visibles
Pour bien montrer que « Vivre, c’est apprendre à aimer ».
Abbé Pierre, dignité rendue aux invisibles :
Hiver cinquante-quatre, on n’oubliera jamais !
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