Couleurs du temps

Couleurs du temps

SDF blues

 

    SDF blues

   Annie Loyau

 

Je m’appelle Jean-Claude

A force de ne pas l’entendre, crénom !

J’avais  presque oublié mon prénom :

Jean-Claude !

Pour vous les gens clodo  je suis,

Clodos aussi les potes de  la nuit,

De la maraude et des galères,

Ceux de l’Hôtel des Courants d’Air.

 

Bouche de métro, au chaud dodo,

SDF blues, SDF blues,

Sans do, sans mi, sans sile,

Sans domicile fixe,

Assurance garantie tous risques,

Dos au sol, pas si facile à dormir :

Y’a comme un bémol 

    Ré do si la sol !

          

Lui, c’est  Jean-Paul :

Il a pas de pain Paul et pas d’ pot.

Quand on est sans rien et sans thunes,

On essaie de sauver sa peau,

On vit d’un abri de fortune,

De restes, à la fortune du pot.

A Montmartre , il  cherche fortune

Au clair du jour et de la lune.

 

Est-ce des effets secondaires

Du chômage et  de la misère ?

La Seine ne revient pas sur ses pas,

Inutile de faire marche arrière,

Sans toit ni murs, pas de barrières,

Hier et demain n’existent pas,

 

Est-ce défendu de boire à plein goulot

Quand on n’a plus ni verre  ni boulot ?

La télé, c’est nous et on chante.

Ne nous traitez pas d’alcolos:

Même si on marche un peu en pente,

On ne tue personne, on n’a pas d’auto.

 

Jean-Marie, il était marié,

Une femme, des gosses et un métier,

Le voilà délocalisé :

Un fait divers banalisé !

Plus de beurre et plus d’épinards,

Divorce, banqueroute et avatars.

Pourtant il disait, l’eusses-tu cru ?

Jamais je n’serai à la rue !

 

Tu es Pierre

Et sur cette pierre,  assis au matin,

Sans clés car tu n’es pas un Saint,

Tu t’apprêtes  à tracer le chemin,

Par les rues tu erres et te perds :

La société de consommation,

Tu  n’en connais que les rogatons

Et les poubelles et les cartons.

.

Jean-Louis dort

Auprès de son coffre

Qui contient son costard, son trésor.

Son  toit, vous savez qui  lui  offre ?

Enroulé dans une couverture,

La nuit,  il dort dans sa voiture.

Il a la chance d’aller au turbin

Même si c’est un boulot de larbin.

 

Dans un sac logent toutes nos affaires.

Attachés-cases et hommes d’affaires :

Il vous faut des mallettes à codes

Votre sésame, c’est le digicode.

Pour nous le froid, pour vous le chaud,

Le  garage pour vos belles autos !

 

            Elle, c’est Marie,

Seule , sans enfants ni mari.

Dans une autre vie, elle a bossé,

La vie l’a pas mal cabossée.

Fée des Sans-Logis, il faut voir,

C’est notre Madone des trottoirs .

Prêchi Prêcha, il faut le savoir :

Elle n’est pas en bleu mais en noir.

 

Voici  Kamel,

Kamel-Léon on l’appelle.

Sous la voie rapide, sous un pont,

Dans le bruit des autos, il se fond,.

Ex-serviteur du Roi Renault,

Avec la nuit on le confond.

Famille, pays, allô bobo,

Il a tout quitté pour l’eldorado !

 

SDF blues, SDF blues,

GHEV mon récit,

HLM – OQP- Fzéro- sans-logis.

Au grand R, on va encore crever,

Idées noires et vin à QV.

SAMU, SOS, la rue tue

Sous vos yeux qui ont la bévue,

Sous vos yeux,  ni vus ni connus !

 

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18/04/2015
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